Le réalisateur Mike Hodges est décédé au mois de décembre de l’année passée à l’âge de 90 ans. Son premier film, Get Carter, un des plus grands et sombres films de gangsters britanniques et dans lequel Michael Caine offre une prestation inoubliable, témoigne d’emblée de l’immense talent du cinéaste. Pourtant, le reste de sa carrière ne fut pas aussi fructueuse, si l’on excepte le remake « camp » de Flash Gordon en 1980. En effet, la plupart de ses films ont connu une distribution difficile voire anonyme, ou ont été mis à mal par des problèmes de (post)production. The Terminal Man, un solide thriller de science-fiction, n’a même pas connu de sortie nationale ; il fut démis de ses fonctions sur le tournage de Damien: Omen II ; le thriller A Prayer for the Dying, dans lequel Mickey Rourke incarne un agent de l’IRA rattrapé par son passé terroriste, fut totalement remonté à son insu par la production ; et Black Rainbow, thriller surnaturel – et certainement un de ses meilleurs films –, n’a jamais eu la reconnaissance qu’il mérite, par la faute e.a. d’un distributeur qui préféra lancer directement le film sur le marché vidéo afin de redresser ses finances. « Si vous faites des films qui ne se rangent pas automatiquement dans une case précise, les distributeurs et les publicitaires ne savent pas ce qu’il faut en faire », dit-il à ce propos. Ce programme B-Z est l’occasion de redécouvrir deux des films de ce grand réalisateur britannique, qui n’a jamais occulté son penchant pour la série B, à laquelle il a redonné ses lettres de noblesse par le biais de nombreuses innovations esthétiques qui ont façonné son style.

The Terminal Man, une science-fiction solidement construite, rend à merveille l’atmosphère sinistre du roman de Michael Crichton dont elle est adaptée. Avec Black Rainbow, Hodges entrecroise subtilement plusieurs genres – polar, thriller complotiste et film d’horreur gothique – et livre un chiller unique en son genre, qui aborde les thèmes de l’exploitation, du meurtre, de la corruption et du fondamentalisme religieux de manière surprenante, à l’opposé des conventions.