Offscreen
Tenemos la Carne
EMILIANO ROCHA MINTER
MX, 2016, DCP, VOST ANG / ENG OND, 79'
Dans le décor post-apocalyptique d’un immeuble à l’abandon, un frère et une sœur rencontrent un ermite (Noé Hernández) qui, peu à peu, va les entraîner dans sa démence. Ils construisent avec lui un cocon fait de bois et de scotch et s’enferment, à la merci de la fureur du vieil homme. Un conte de fée immoral se développe alors dans ce huis-clos aux couleurs dignes d’un enfer de Bosch. Premier long métrage du jeune mexicain Emiliano Rocha Minter, cette œuvre graphique inventive nous plonge dans un poème fantasque, malsain et sans possibilité de retour. Aidée d’une structure narrative sans faille, sa caméra à la fibre expérimentale résonne avec celle d’un Alejandro Jodorowsky ou d’un Gaspar Noé. Elle coupe à travers la chair graisseuse, fluidifie les corps qui sans cesse régurgitent des sécrétions (in)humaines de tout orifices. Impossible de ne pas transpirer et s’agripper face à ces hallucinations sombres et vertigineuses. Une œuvre troublante à l’érotisme pervers et suintant.